Dimanche en finale de la Supercoupe de Turquie, Fenerbahçe a aligné onze jeunes joueurs U19 contre Galatasaray, qui a pris l’avantage en une minute grâce à Mauro Icardi. Les jeunes ont ensuite quitté le terrain, en signe de protestation contre les émeutes du 17 mars à Trabzon.
Ce jour marque un nouveau point pour Fenerbahçe dans l’histoire récente du football turc, où la sécurité n’est pas garantie. Le président de Fenerbahçe, Ali Koç, a annoncé que la protestation de son équipe contre la Super Coupe n’était que la première d’une longue série. Dans une déclaration publiée sur le site Internet du club, il s’est montré ferme.
Koç a cité l’exemple de l’attaque contre le bus de l’équipe de Fenerbahçe en 2015, après une victoire 5-1 contre le Rizespor. « Le fait que cette tentative d’assassinat reste non résolue est l’une des choses qui nous blesse le plus et nous amène à remettre en question la situation actuelle. Notre conseil d’administration souhaitait également se retirer de la compétition et reporter les matchs. Mais ils ont continué comme d’habitude, après que les plus hautes instances du gouvernement nous aient assuré que nous n’avions pas à nous inquiéter et que les criminels seraient arrêtés. Neuf années se sont écoulées et rien ne s’est encore produit”, dit-il.
Il y avait aussi des armes dans le match il y a trois semaines, lorsque les joueurs de Fenerbahçe ont dû se protéger contre l’entrée sur le terrain des supporters de Trabzonspor. Michy Batshuayi a même donné un coup de pied de karaté à un envahisseur de pelouse pour se défendre.
“Notre crainte est que les gens ne se réveillent que lorsque quelque chose de terrible se produit. Cela a failli se produire à Trabzon. Que se passerait-il si cet homme avec le drapeau poignardait notre joueur dans le dos ? Nous n’avons reçu aucun mot de soutien. Ni du gouvernement, ni des politiciens, ni des partis du football, y compris la TFF (la Fédération turque de football, ndlr)”, a déclaré Koç.
Alors que le gouvernement turc enquête sur les événements de Trabzon, Koç a jeté son dévolu sur Galatasaray, la colère de Koç s’est transformée en cynisme. “Tout d’abord, je voudrais les féliciter, car pas à pas, fil par fil, brique par brique, ils ont fait jouer tous les éléments du football en leur faveur, une réussite extraordinaire. Mais ce que j’aime le plus, et pour lequel je dis « bravo », c’est qu’ils créent un environnement qui fait tout tourner en leur faveur et qu’ils se comportent ensuite comme s’ils étaient les victimes de cet environnement”, a-t-il poursuivi.
“Il est temps de réinitialiser le football turc. Nous sommes désormais entrés dans une période où nous nous dressons contre ces injustices, ces deux poids, deux mesures, ceux qui encouragent la concurrence déloyale et nous volent. La mesure que nous prenons aujourd’hui est la première étape concrète de toutes les mesures que nous prendrons désormais”, a conclu le président.
